Nous sommes tous des Juifs ukrainiens !

Chers compatriotes (juifs)

Avant toute chose, je tiens à m’associer aux Appels pathétiques que ne cesse de lancer sur tous les plateaux de TV, l’ex-diplomate et écrivain russo-ukrainien Vladimir Fédorovski :

« J’appelle solennellement à se rencontrer immédiatement, immédiatement ! Pour éviter le carnage, les combats de rue et la libanisation de l’Ukraine… ».

Quant à ceux qui aujourd’hui font mine de s’émouvoir du nombre des victimes (249 civils tués entre le 24 février et le 2 mars, selon l’ONU, et sans doute le double aujourd’hui), savent-ils que la guerre qui a commencé en 2014 dans les deux provinces pro-russes du Donbass a déjà fait 14 200 victimes, civiles et militaires ?1

Dois-je vous l’avouer, j’ai longtemps hésité à écrire. Que valent les mots face à l’horreur de toute guerre et de cette guerre ? Les souvenirs de Belgrade bombardée durant presque 3 mois me revinrent. Et les Serbes stigmatisés à l’époque comme des violeurs collectifs ne bénéficièrent même pas de la compassion du monde aujourd’hui pour les Ukrainiens. Tant mieux pour eux. Et Israël est aux avant-postes de cette solidarité.

Mais ce ne fut pas ma seule hésitation. Avais-je le droit de vous perturber par mes questions ? Pour une fois que grâce à un président juif, Juifs et non-juifs d’Europe et d’Amérique pouvaient enfin communier dans la douleur et la solidarité ? Avais-je le droit de vous priver de ces moments d’effusion et de fusion ? Ils ont été tellement rares dans l’histoire, ces moments.

La dernière fois, «Nous étions tous des Juifs allemands »2. Mais ça remontait à près de 60 ans. Depuis, il s’en était passé des choses. Pour les Juifs. Ceux d’Israël, n’en parlons même pas. Car qui sait encore ce que signifient des noms comme Maalot… Sbaro… Munich… Aéroport de Lod… Entebbe… Guerre de Kippour ? Inutile de rallonger la liste, elle serait trop longue. Et personne n’est jamais sorti pour crier «Nous sommes tous des Juifs israéliens » 

Quant aux Juifs de France, drôlement secoués ces dernières décennies, pris systématiquement pour cibles, torturés avant d’être assassinés comme Ilan Halimi, défenestrée comme Sarah Halimi par un assassin non-condamné, déglingués à bout portant comme dans cette école de Toulouse, ou ces otages de Vincennes, ou plus récemment traîné et sali en justice pour racisme comme l’historien Georges Bensoussan, ces Juifs donc l’avaient échappé belle.

Ils avaient failli tomber sous le charme d’un petit juif qui promettait de faire la guerre non seulement à l’islamisme, mais aussi à ceux qui l’avaient importé. Oserais-je même écrire son nom ? Allez, je m’y risque, au moins pour les étrangers, Eric Zemmour. Pour tout dire un Juif trop radical, un insupportable nesuferitu (qui donnera Nosferatu), le diable personnifié que les médias quotidiennement vilipendent et que les chefs de la « Communauté » se sont empressés d’excommunier, mais qui, ayant des chances de l’emporter, risquait de les entraîner vers l’Inconnu…

Et les Juifs, c’est bien connu, se méfient beaucoup de l’inconnu.

Aussi cette guerre d’Ukraine, à quelque chose malheur est bon, quel soulagement pour beaucoup. Nous sommes tous des Juifs ukrainiens !Le petit juif de Kiev dans son nouveau rôle de Président en treillis éclipsa le titi de Montreuil en costume-cravate et aux grandes oreilles. Oui, fallait-ilpriver les Juifs de ce rare moment de fraternité planétaire ? Paria des nations depuis sa naissance, Israël qui venait à peine d’être maltraité de fauteur d’apartheid, sans que le double Président d’Europe et de France ne vienne à sa rescousse, son silence valant même consentement, Israël, donc n’avait-il pas le droit de prétendre aussi à un brin de cette jouissance, que, par expérience, elle sait être éphémère ?

« Nous sommes tous des Juifs ukrainiens ! »

Pour être franc chers compatriotes juifs du monde entier, si vous vous méfiez de l’inconnu, moi je me méfie plus que tout de l’unanimisme. D’ailleurs, sauf lorsqu’on est devenu un spécialiste de la guerre en chemise blanche immaculée3, être juif, cela ne devrait-il pas vouloir dire, en principe, se poser des questions ?Plutôt que gober des réponses toutes faites, concoctées par les médias d’État ou grassement subventionnés par les États, puis de les recracher comme un lama ?

Surtout quand nous Juifs avons été en tant que peuple, les premiers à être victimes des « fake news », comme on dit à présent. Vampires tuant les enfants, chrétiens et musulmans, afin de pétrir avec leur sang la bonne galette de Pessah (Pâque)… Ou en version plus moderne, en l’an 2000 à Gaza, connus aussi pour avoir tiré durant 40’ avec des mitrailleuses lourdes sur un enfant palestinien, « tué » bien sûr, alors que son père El Dura qui le tenait dans ses bras, échappa, lui, miraculeusement, aux balles de gros calibre… Tout ceci sans hémoglobine… Accrédité par le journaliste de France 2 4 « au-delà de tout soupçon », puisque juif et même pire, franco-israélien, Charles Enderlin, le bobard fit le tour du monde et coûta la vie à beaucoup de Juifs.

Il est vrai qu’en France, on n’en était pas à un coup d’essai. Entre la fausse interview de Fidel Castro réalisée en 1991 par le célèbre présentateur du Journal de 20h sur TF1 Patrick Poivre d’Arvor… Et deux ans plus tôt, le faux charnier de Timisoara, y avait de quoi faire… On se rappelle qu’en décembre 1989, alors que la Roumanie se débarrassait de la dictature de Ceausescu, les « envoyés spéciaux » des télévisions occidentales servirent en guise de dinde de Noël, les images de corps déterrés du « cimetière des indigents » de cette ville. « Des milliers de corps nus tout juste exhumés, terreux et mutilés, prix insupportable de son insurrection ». (Libération)… « Charnier de 4500 morts » pour la seule ville de Timisoara, selon le New York Times ! TF1 :

« Ceaușescu, atteint de leucémie, aurait eu besoin de changer son sang tous les mois. Des jeunes gens vidés de leur sang auraient été découverts dans la forêt des Carpates. Ceaușescu vampire ? Comment y croire ? La rumeur avait annoncé des charniers. On les a trouvés à Timișoara. Et ce ne sont pas les derniers ».

Aussi chers Compatriotes juifs du monde entier, bien désolé, mais je ne pourrai communier avec l’unanimisme des temps de guerre dont vous attendez, je le comprends, qu’ils vous intronisent comme « citoyens du monde » à part entière. Par ces temps de wokisme où vous êtes à nouveau rejetés dans le camp du mal, le camp des ‘’mâles blancs hétérosexuels non racisés’’, je comprends les besoins de ceux qui n’ont pas d’État pour les protéger.

Mais souffrez malgré tout les questions suivantes…

Le petit juif adoré de kiev.

Cette qualité de « juif » exhibée comme dans un exercice de monstration pornographique, ne devrait-elle pas impliquer qu’il commence par débarrasser son armée du fameux Bataillon Azov, lequel se revendique expressément du nazisme et de ses symboles ? Et aussi qu’il déboulonne dans plusieurs villes des statues problématiques, comme celle du grand chef nationaliste, allié d’Hitler, Stepan Bandera, qui après 1945, rappelons-le, trouva refuge à Munich, en zone américaine, où il fut assassiné en 1959 par un agent du KGB ?

Au fou !

Il est de bon ton aujourd’hui de psychiatriser Poutine. Chacun y va de sa maladie. Du moins, lui, ne l’accuse-t-on pas (encore ?) d’être un drogué irresponsable comme le tueur de Sarah Halimi défenestrée vivante en plein Paris. Il est vrai que Poutine n’a pas crié : « Allah Ou Akbar ». La Russie d’aujourd’hui se réduirait-elle à un psychopathe qu’il suffirait de flinguer ? Si le cœur vous en dit, il y a déjà un oligarque russe qui vous propose une grosse prime. Mais raisonner ainsi n’est-ce pas plutôt déraisonner ? N’est-ce pas ainsi lever le drapeau blanc de l’impuissance ? Impuissance de la pensée et de l’action qui se soulagerait dans l’imprécation ? Car enfin, si l’on considère qu’il y a « agression » est-ce ainsi que l’on y remédiera ?

Guerre ou paix

Dans le cas présent, si les souffrances d’un peuple sont vraiment ce qui importe (ce dont je doute) il n’y a pourtant pas 36 solutions pour arrêter une guerre, cette guerre ! Soit l’on contre-attaque avec une puissance de feu supérieure. Soit on négocie. Dans les deux cas immédiatement. Car plus les changements sur le terrain sont importants, moins la diplomatie aura à négocier. Faut pas être sorti de Saint Cyr, comme disait ma mère (sans savoir ce que c’était), pour comprendre une chose si élémentaire. Pas d’autre alternative. Or de contre-attaque, il n’y en aura point. Macron s’est empressé de rassurer Poutine :

« Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie ».

Les sanctions ? Effet boomerang, tout le monde le dit. Elles sanctionnent plus les sanctionneurs que les sanctionnés. La Russie pourra tenir 10 ans, mais la France à peine deux… L’Allemagne l’a d’ailleurs très vite compris qui s’est dépêché de prier la Russie de continuer à l’alimenter en gaz, forcée donc d’épargner les banques russes ! Entorse à l’unité européenne qui n’a fait rugir personne, mais qui devrait inciter Zelinsky à capter que la solution du problème est dans ses seules mains.

Comme l’a dit dernièrement un ambassadeur français sur un plateau de TV :

« Nous nous battrons jusqu’au dernier Ukrainien ! »5

Les conseilleurs n’étant jamais les payeurs, le président ukrainien ne devrait-il pas se méfier de toutes ces bonnes âmes qui crient d’autant plus fort qu’elles n’ont rien d’autre à oser faire ? Sinon, de la télé-guerre, laissant aux Ukrainiens, par ces temps covidés, le ‘’présentiel’’…

On ne saurait dire mieux que Régis Debray :

« La bleusaille aime le rouge sang. Ceux qui n’ont jamais tiré un coup de fusil savent mieux que personne souffler dans le clairon… Le gandin, la guerre le fascine, comme le bordel le puceau »6.

Négocier

À la surenchère des va-t-en-guerre, à la psychiatrisation, et à la guerre des propagandes auxquelles s’adonnent de trop nombreux média, ne devraient-ils pas se substituer comme condition préalable, la lucidité et le réalisme ? Ce qui suppose une évaluation correcte du rapport de forces et l’examen réciproque des prétentions et de leur justification.

Pour ce qui est du rapport de forces, et compte tenu de l’héroïque non-interventionisme de l’Europe et des USA (lesquels ont apparemment bien d’autres chats plus stratégiques à fouetter), « y a pas photo », selon l’expression à la mode que je déteste et la Russie est bien la première puissance militaire européenne.

Et pour ce qui est des prétentions, leur sort dépendra tout à la fois de leur légitimité en fonction du droit international, mais aussi, mais surtout de la « géopolitique », ce doux vocable pour signifier la véritable nature du monde, qui plus crûment pourrait se traduire : zones d’influence et guerre de positions. Le droit international n’étant que la feuille de vigne de cette sordide « géopolitique » dont surtout les petits peuples font les frais… Israël en sait quelque chose, puisque l’URSS qui fut le premier pays à la reconnaître et à la soutenir, changea subitement de fusil d’épaule, dès lors qu’Israël crut, à tort ou à raison, que les USA pourraient mieux garantir son existence…

Les Croates, Bosniaques, Slovènes, Macédoniens, Albanais avaient le droit de prétendre à disposer d’eux-mêmes, encore avait-il fallu que la « géopolitique » les y aidât : face à une Russie très affaiblie par l’explosion de l’URSS, l’OTAN, c’est-à-dire d’abord les USA, n’hésitèrent pas à bombarder la Serbie, et sa capitale Belgrade, durant près de 3 mois, sans autorisation de l’ONU. 38 000 sorties, 10 000 bombardements, 2 700 missions contre la défense aérienne serbe (chiffres de l’OTAN). Et selon les Serbes, 2500 morts. Ceci sans parler de la guerre de propagande, et des fake-news, à commencer par celui du « Fer à cheval » allemand qui servit à justifier l’attaque de l’OTAN. Selon le ministre allemand de la Défense Rudolf Scharping, le gouvernement Milosevic s’était apprêté à expulser la totalité de la population albanaise du Kosovo, ou à l’exterminer par un « nettoyage ethnique ». Mais neuf mois plus tard l’hebdomadaire Der Spiegel révéla qu’il s’agissait d’un faux7.

Dans le cas de l’Ukraine aujourd’hui, la « géopolitique » n’influera pas en sa faveur. C’est le moins que l’on puisse dire. Plus vite Zelinsky en prendra conscience, plus vite il abrégera les souffrances de ses peuples… Je dis bien « ses peuples », car évidemment rien ne pourra empêcher les russophones russophiles de vouloir se séparer, toujours au nom du droit international (aidé par la « géopolitique »). Et je ne vois donc pour Zelinsky aucune autre alternative, tant qu’il est encore temps, que celle d’accéder au vœu russe de neutralité pour l’Ukraine et d’autodétermination pour les zones russophones, qui eût été bien inspiré de revenir aux Accords de Minsk, désormais caduques.

OTAN

S’il y a bien une idée qui fait l’unanimité des diplomates, des hommes politiques, et des géopoliticiens que j’ai pu consulter ces derniers jours, c’est que la véritable origine de la tragédie en cours réside dans le parjure des Américains et des Européens qui s’étaient engagés auprès des dirigeants soviétiques de l’époque à ne pas étendre l’OTAN vers l’Est.

Roland Dumas (ministre français des affaires étrangères de 1988 à 1993) :

« La condition des Russes c’était que les armées de l’OTAN ne bougent pas au-delà des pays libres… Y a eu un tour de table avec les divers ministres des affaires étrangères et tout le monde a été d’accord. Cela a changé par la suite, mais Mitterrand avait dit qu’il n’était pas d’accord… Il faut toujours revenir au début des choses ».8

Yves Pozzo di Borgo, ancien vice-président de la Commission des affaires étrangères et de la Défense du Sénat :

« En 89, Gorbatchev et le Père Bush étaient très amis… Bush lui dit : ‘’Fais exploser cette Union soviétique et le Pacte de Varsovie’’. Et Gorbatchev dit : ‘’oui’’… Mais en contrepartie, il demande à Bush que l’OTAN reste dans ses limites… Les pays de l’Est ne pouvaient entrer dans l’Union européenne à cause des critères… Ils ont demandé alors à entrer dans l’OTAN, et l’Amérique a accepté. C’était l’erreur. En vertu d’un accord OTAN-Russie9, la Russie était toujours présente dans les réunions de l’OTAN… Et à Budapest en 2008… Y a eu une réunion avec Merkel, Poutine et Bush (junior)… Poutine très énervé dit à Sarkozy : ‘’ Si tu acceptes la demande de Bush que l’Ukraine et la Géorgie entrent dans l’OTAN, nous aurons la guerre… !’’ Et Sarkozy fut direct : ‘’Il n’est pas question que l’Ukraine et la Géorgie entrent dans l’OTAN !’’Et pourquoi y a eu l’affaire de Crimée ? C’est parce que l’OTAN voulait installer une base en Crimée…».10

Jean-Eric Schoettl, conseiller d’État, ancien secrétaire général du Conseil Constitutionnel :

« … La névrose russe a été alimentée, par une accumulation d’initiatives occidentales aux effets catastrophiques à terme : bombardement en 1999 de Belgrade, capitale de la sœur orthodoxe ; intégration dans l’OTAN des pays baltes et d’Europe centrale, accompagnée de l’installation d’armes inquiétantes, de l’arrivée de contingents étrangers et de l’organisation de manœuvres militaires ; annonce intempestive de l’entrée dans l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie, malgré les réticences bien inspirées de la France et de l’Allemagne ; soutien sans nuance, après les évènements de Maïdan (novembre 2013 – février 2014), apporté à un régime, né d’un mouvement de désobéissance civile, dont le premier geste a été d’imposer l’usage exclusif de l’ukrainien au détriment du russe, langue principale d’une grande partie de la population ; application d’un régime de sanctions contre-productif après l’occupation de la Crimée, elle-même consécutive à Maïdan ; indifférence occidentale face à l’inobservation par l’Ukraine des points essentiels des accords de Minsk… Corsetée dans ses hautains principes, l’Europe occidentale n’a pas perçu la nécessité de construire un nouvel ordre stratégique occidental dans lequel la Russie aurait eu toute sa place ; de nouer avec Moscou, comme avec tous les pays de l’ancien glacis, des liens affectifs plutôt que purement juridiques ; de faire succéder à la guerre froide la chaleur des retrouvailles ; de bâtir l’Europe – la plus grande Europe possible – sur des fondements civilisationnels plutôt que sur des bases strictement économiques et institutionnelles… ».11

Et en effet l’on se doit rappeler, que dès son arrivée au pouvoir, Poutine était partant pour que la Russie soit intégrée dans un espace économique européen et y compris dans l’OTAN. Ce qui lui fut refusé.

Cet engagement américain et européen de ne pas étendre l’OTAN au-delà de l’Allemagne est confirmé par le diplomate-témoin Vladimir Fédorovski, russe, qui en 1990 fit partie de l’équipe qui fit exploser l’URSS et qui aujourd’hui condamne l’initiative russe. Insistant pour que l’on sache que son père est ukrainien, c’est avec beaucoup de véhémence qu’on l’entend dire :

« J’étais présent ! J’étais présent physiquement… avec le secrétaire d’État américain James Baker qui a dit à mon ami Édouard Chevardnadze (alors ministre soviétique des affaires étrangères du gouvernement Gorbatchev) ‘’L’OTAN ne bougera pas du côté des frontières russes…’’. Reagan a toujours tenu cet engagement… J’étais présent… ! ».

Ces multiples témoignages à propos de l’OTAN, ont aussi été confirmés par un mémorandum américain déclassifié rapportant les propos de James Baker à Mikhaïl Gorbatchev :

« Nous comprenons la nécessité de donner des assurances aux pays de l’Est. Si nous maintenons une présence dans une Allemagne qui fait partie de l’Otan, il n’y aura pas d’extension de la juridiction de l’Otan pour les forces de l’Otan d’un pouce à l’Est…».12

Plus récemment, en février, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel afait état d’une réunion entre des diplomates des ministères des Affaires étrangères des États-Unis, du Royaume Uni, de la France et de l’Allemagne, à Bonn, le 6 mars 1991, soit quelques mois avant la chute de l’URSS. Selon ce document, qui confirme les propos de Roland Dumas cités plus avant, le représentant allemand de Bonn, Jürgen Chrobog, déclara :

« Lors des négociations « 2+4 », nous avons clairement indiqué que nous n’étendrions pas l’Otan au-delà de l’Elbe [un fleuve qui parcourt l’Allemagne en passant par Hambourg avant de se jeter dans la mer du Nord, NDLR]. Nous ne pouvons donc pas proposer à la Pologne et aux autres d’adhérer à l’Otan ».13

N’en déplaise donc au président de la république française, la balle est bien dans le camp de l’OTAN. Poutine n’a rien inventé. Sa psychiatrisation ne viserait-elle pas justement à occulter l’histoire des relations russo-occidentales de ces 30 dernières années la véritable origine du et à masquer la véritable origine du conflit dont font les frais aujourd’hui les Ukrainiens ? Jean-Pierre Le Goff se trompe donc de cible lorsqu’il attribue à Poutine la méthode du « mensonge déconcertant »14, car cette stratégie a bien été, plutôt, celle de l’OTAN.

Courage, Président Zelinsky !

Passer de la scène du spectacle à la scène politique n’est pas une mince affaire. Et désormais vous êtes bien placé pour le savoir. De plus, et vous le pressentez, on vous attend au tournant. Ceux qui aujourd’hui portent au pinacle le Juif que vous êtes, seront, au moindre faux-pas, les premiers à vouloir le brûler.

Depuis la chute de l’URSS, une nouvelle Ukraine a émergé où les forces nationalistes qui plongent leurs racines dans l’antisémitisme tiennent le haut du pavé. Ce qui doit vous inquiéter plus encore que moi. Stepan Bandera a quand même été l’icône de manifestants de l’Euromaïdanen 2014. Il a été promu à titre posthume Héros d’Ukraine par un décret signé en 2010 par le président ukrainien (pro-OTAN) Viktor Iouchtchenko et son centenaire en 2015 fut honoré par une marche aux flambeaux. Pas moins. Toujours en 2015, le parlement ukrainien décida d’assimiler nazisme et communisme et de qualifier les collaborateurs nazis locaux comme des « combattants de la liberté », avec tous les avantages symboliques (et matériels) que cela suppose… Ce que le Centre Simon Wiesenthal, dont la fonction est de traquer de par le monde les nazis et leurs collaborateurs pour les amener devant la justice, condamna fermement,.15

Que dire alors du fait que cette terre où 1,5 millions de Juifs furent assassinés par les nazis allemands et ukrainiens, se donne pour Père de la nation, Khmelnytsky (17 siècle), et pour Héros national, Petlioura (début du 20) tous deux responsables de la mort d’au moins 200 000 Juifs ?

Cher Président, je tremble sincèrement pour vous et n’aimerais pas être à votre place, ni héros aujourd’hui ni maudit demain. La lune de miel ne durera pas. Déjà d’après une information qui me parvient, des Ukrainiens se seraient attaqués à des Juifs de Jytomir qui s’occupaient d’évacuer vers Israël une centaine d’orphelins juifs. (Ce qui m’a rappelé les 42 survivants de la Shoah lynchés à mort en 1946 dans la ville polonaise de Kielce…) :

« Jeudi les Ukrainiens qui travaillaient dans l’orphelinat se sont mis à piller et frapper les juifs locaux. Les autorités ukrainiennes ont appelé les Habad en leur disant qu’ils devaient partir en urgence pour sauver leur vie. Entre jeudi et vendredi la situation a dégénéré et des centaines de familles juives se sont retrouvées harcelées et frappées par les Ukrainiens sur place. »16

J’espère évidemment qu’il ne s’agit que d’un fake new et d’ailleurs si j’étais l’un de vos conseillers, je vous suggérerais d’abord de faire très attention à l’information, car vous serez la première cible, des Russes sans doute, mais aussi des vôtres.

En témoigne votre tweet concernant le Monument des victimes de la Shoah de Babi Yar :

« Quel intérêt de dire ‘’plus jamais ça’’ pendant 80 ans, si le monde reste silencieux lorsqu’une bombe tombe sur le même site de Babi Yar ? Au moins 5 personnes ont été tuées. L’histoire se répète… »

aviez-vous trop rapidement communiqué. Oui l’histoire se répète, car comme l’a révélé Ron Ben-Yishaï, un journaliste israélien qui s’est tout simplement déplacé sur le lieu :

« Après avoir parcouru la totalité du site, je peux affirmer avec certitude qu’aucun monument n’a été endommagé et qu’aucune bombe, missile ou obus n’a touché la zone… ».

Ensuite, et compte tenu du centre de gravité de ce conflit, plutôt que de vous laisser bercer par le chant des alouettes, je vous conseillerais d’écouter plutôt l’ex-ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine :

« Le Poutine de 2022 est largement notre création [..] Cela n’aurait jamais dû se passer comme ça. Jamais. Pendant les deux premiers mandats de Poutine, il était assez ouvert, Medvedev encore plus. Kissinger et Brzeziński, les deux grands pontes de la géopolitique américaine, ont dit à plusieurs reprises que c’était complètement absurde de parler sans arrêt de mettre l’Ukraine dans l’OTAN. »17

Ou alors d’écouter le professeur de sciences politiques à l’université de Chicago John Mearsheimer lorsqu’il dit que les USA devraient être les derniers à s’étonner de la réaction russe à l’extension de l’OTAN vers les pays de l’Est puis de la Baltique, commencée en 1999 et parachevée en 2004, puisque c’est au nom de la doctrine Monroe (énoncée en 1823), que le Président Kennedy refusa à l’URSS d’installer ses missiles à Cuba, en 1962 :

« La doctrine Monroe dit que l’hémisphère occidental est notre arrière-cour et personne n’est autorisé à déplacer ses forces militaires dans cette partie-là. Pourriez-vous imaginer que les USA accepte dans 20 ans une Alliance militaire de la Chine avec le Canada et le Mexique avec déplacement de forces militaires chinoises sur le sol canadien et mexicain ? Et dirions-nous : ‘’Oh, ce n’est pas un problème… Nous sommes des gens du 21ᵉ siècle alors qu’il faut s’inquiéter de Poutine qui est du 19ᵉ siècle ?’’. On dit que Poutine est fou ou irrationnel… Angela Merkel l’a dit… Poutine voudrait une grande Russie et serait un nouvel Hitler… C’est risible à l’extrême ! »(Why is Ukraine the West’s Fault ? Septembre 2015).18

Si donc le problème est là (dans la « géopolitique »), la solution non plus n’en devrait pas être très éloignée… et cela, pour paradoxal que cela puisse paraître, cher Président Zelinsky, cela pourrait-être finalement la bonne nouvelle.

Enfin, enfin, chers compatriotes juifs…

Nous avons plus que d’autres le devoir de vigilance et donc de méfiance vis-à-vis de tous les unanimismes, structurellement manichéens.

Par exemple ne s’attendrait-on pas à ce que la barbarie provienne de pays barbares et inversement que les pays démocratiques ne sécrètent que de la civilisation ? Or c’est bien des USA d’Obama-Biden que déferle sur l’Europe et ses universités un mouvement sans précédent que je considère comme le plus dangereux pour l’humanité, mélangeant « cancel culture », racisme anti-blanc, « wokisme », manipulation des gènes et des sexes, « transhumanisme » qui prône notamment l’échange sexuel entre l’homme et l’animal, et, développement d’un gigantesque business : la location des utérus de préférence dans les pays pauvres où les prix sont les plus bas, transformant les femmes porteuses en nouvelles esclaves, opération qui porte le nom très altruiste de « Gestation Pour Autrui » (GPA)19. On a ainsi vu ces jours-ci sur les écrans français de TV deux Françaises bloquées en Ukraine qui se plaignaient de ne pouvoir être rapidement rapatriées avec « leurs » bébés conçus dans des utérus ukrainiens.20

En face, dans le pays du monstrueux Poutine, la théorie du genre est considérée comme un crime contre l’humanité et point de GPA, ni de wokisme, ni d’écriture inclusive, ni de transhumanisme, ni d’encouragement de la chirurgie pour modifier l’anatomie des adolescents en crise, ni de « parent 1 et parent 2 » : il y a là-bas encore des « pères » et des « mères ».

D’autre part et je le dis clairement, les puissances occidentales qui s’apprêtent à signer un accord catastrophique pour Israël, avec un pays qui régulièrement appelle à sa destruction, et qui dans le passé condamna à mort l’écrivain Salman Rushdie, à savoir l’Iran, et ce sans se faire éjecter de l’ONU, ces puissances-là ne peuvent se prévaloir aujourd’hui d’aucun droit moral.

Et si nos chefs politiques et spirituels de par le monde se montrent incapables d’agir en conséquence, nous devons savoir nous en émanciper et soutenir ceux, juifs ou non-juifs, qui ont encore le cran de nous dire la vérité, à savoir qu’aujourd’hui la plus grande menace qui guette l’Europe, l’Amérique, et Israël, c’est l’islamisme et ses alliés gauchistes.

Fasse que soient entendus les appels pathétiques que ne cesse de lancer, sur tous les plateaux de TV, l’ex-diplomate et écrivain russo-ukrainien Vladimir Fédorovski :

« J’appelle solennellement à se rencontrer immédiatement, immédiatement ! Pour éviter le carnage, les combats de rue et la libanisation de l’Ukraine… ». JPL♦

Jean-Pierre Lledo, MABATIM.INFO
Cinéaste
Dimanche 8 mars 2022


1 https://tvs24.ru/pub/watch/6575/reportage-de-guerre-2014-donbass

2 Pour les jeunes, je signale que c’est ce que crièrent dans la rue les étudiants parisiens en solidarité avec Cohn Bendit que l’on venait d’expulser de France…

3 Pour les étrangers qui ignoreraient le nom de notre héros, il s’agit là de Bernard Henri-Lévy.

4 Chaîne étatique de la télévision française

5 Rapporté par Vladimir Fédorovski qui vient de publier un livre : Les faces cachées de Poutine (BFMTV)

6 Éclats de rire (Gallimard, 2021)

7Les journalistes Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin qualifient le plan ‘’Fer à cheval’’ d’« archétype des fake news diffusées par les armées occidentales, repris par tous les grands journaux européens ».

8Entretien avec Berkoff, Sud Radio

9Acte fondateur du partenariat OTAN-Russie, 1997

10Entretien avec Berkoff, Sud Radio

11 Perditions Idéologiques

12 Libération

13 Ibid

14 Le Figaro

15 Les Crises

16 LeMonde.co.il

17 Issues

18 YouTube

19 La philosophie devenue folle.folle Le genre, l’animal, la mort, Jean-François Braunstein/ Main basse sur les vivants, Monette Vacquin / Made in Labo – De la procréation artificielle au transhumanisme, Dominique Folscheid/ « Corps en miette », Sylviane Agacinski/ La fabrique de l’enfant-transgenre, Céline Masson etCaroline Eliatcheff.

20 Le Figaro

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  1. […] Telle n’étant pas ma profession, il ne s’agira là que d’une réflexion d’amateur. https://brunobertez.com/2022/03/17/une-video-refait-surface-montre-biden-avouant-quil-a-propose-de-bombarder-belgrade-lors-dune-operation-de-lotan-en-yougoslavie/. « Lors de sa candidature à l’élection présidentielle de 2008, le sénateur Joseph Biden s’était engagé à ‘’tenir tête à Vladimir Poutine’’ ! Que diable Poutine lui avait-il fait, à lui ou aux États-Unis ? » s’exclame l’ex-ambassadeur américain Jack Matlock (http://www.politique-actu.com/actualite/ukraine-russie-crise-ukrainienne-jack-matlock-ambassadeur-etats-unis-urss-1987-1991/1817254/). https://www.tribunejuive.info/2022/03/08/nous-sommes-tous-des-juifs-ukrainiens-le-point-de-vue-de-jean-pierre-Lledo/https://mabatim.info/2022/03/08/nous-sommes-tous-des-juifs-ukrainiens/https://www.europe-israel.org/2022/03/nous-sommes-tous-des-juifs-ukrainiens-jean-pierre-lledo-cineaste/. https://www.youtube.com/watch?v=ppD_bhWODDc /https://www.youtube.com/watch?v=noqlx0B6evo /https://www.investigaction.net/fr/la-situation-militaire-en-ukraine/Que l’on me permette au passage de railler l’olibrius Guy Millière qui (dans Dreuz) pontifie et se permet de vitrioler l’universitaire (dont il n’arrive pas à la cheville ni par les titres ni par les publications), et l’homme de terrain, depuis sa douillette maison de Las Vegas – on peut, par exemple, ne pas partager les convictions d’un Brzeziński mais s’incliner devant son savoir et la perspicacité de ses jugements. Interview par le journaliste Lesley Stahl dans son émission Sixty Minutes du12 Mai 1996 à CBS. Voir notamment ce film documentaire de Manon Loizeau ‘’Comment la CIA prépare les révolutions’’: https://www.dailymotion.com/video/x1d37d8 http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2016/02/17/guerre-froide-russie-kennan-15670.html. https://www.nouvelobs.com/monde/20080403.OBS7921/l-otan-trouve-un-accord-pour-accueillir-a-terme-l-ukraine-et-la-georgie.html. « Nous sommes la nation indispensable… Nous voyons plus loin dans l’avenir que les autres pays, et nous voyons le danger pour nous tous ». Micah Zenko, « The Myth of the Indispensable Nation ».  […]

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  2. zelensky n’est pas juif, point final. Sa mère n’est pas juive, il n’a jamais agit en juif, s’est marié à une chrétienne orthodoxe et a baptisé ses enfants. Cette ordure adorateur de Bandera tente le jewishwashing mais ça ne passerat jamais en israel.

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  3. […] Hier soir, je corrigeais cet article que je voulais léger…Et puis j’ai écouté le discours de Zelensky adressé à la Knesset. Pour défendre son pays attaqué par la Russie, il n’a pas hésité à utiliser des fake news. Je veux parler de la pseudo destruction du monument de Babi Yar* par les Russes, de l’aide qu’auraient apporté les Ukrainiens aux Juifs pendant la Shoah* alors qu’ils avaient au contraire largement aidé les nazis. L’objectif de Zelensky était évident : créer une émotion partisane en exploitant la sensibilité particulière des Israéliens sur tout ce qui touche à la Shoah. De nombreux parlementaires de tous bords ont été choqués par son discours et ici en Israel, Zelensky n’a pas eu droit à une standing ovation. Ce matin, comprenant que nous ne sommes pas tous idiots et qu’en plus, il est contre-productif d’accuser un pays qui a lancé une importante opération humanitaire pour aider ses compatriotes, Zelensky commence à faire marche arrière… Introduire un safek sur ses déclarations précédentes.Par nature, je me méfie des opinions unanimes avant que les faits ne soient avérés. Je vous invite à lire les deux excellents articles de mon ami Jean-Pierre Lledo sur le sujet :https://mabatim.info/2022/03/08/nous-sommes-tous-des-juifs-ukrainiens/https://mabatim.info/2022/03/21/limpudence-du-va-t-en-guerre-zelinsky-a-la-knesset-disrael/ […]

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  4. Mr Zelensky n’est pas Juif? Bravo, toujours est-il qu’il se considère comme tel alors qu’en Israël même, il y a des Juifs anti Sionistes. Selon le Pasteur Martin Luther King, les anti Sionistes sont forcément anti Sémites car ils réfutent le droit aux Juifs de retourner dans le seul pays qui leur a été volé. Si on veut approfondir, le Roi David n’était pas Juif car né d’une femme non Juive. Le fils du Roi David, Salomon est né de Batchéva (Betsabéee) qui n’était pas Juive.

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  5. Mr LLEDO, pardon de vous décevoir, mais Mr Zelinsky N’EST PAS JUIF. Son père est juif mais sa mère est chrétienne.

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    • Merci de m informer
      mais, vous l avez compris,
      je visais l’utilisation du signe juif
      que lui et beaucoup d autres
      manipulent a d’autres fins que la gloire du judaisme
      amities
      jpl

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  6. Un excellent article très complet et documenté ! Il faut le lire pour comprendre ce qu’il se passe réellement avec cette entrée en guerre de Poutine contre l’Ukraine. Les véritables fauteurs de guerre (même si on la déplore, sont les EU et l’Europe qui ont trahi leur parole.

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