
[28 novembre 2022]
Par Itamar Levin, News1
The Washington Post : « la Russie peine considérablement à équiper les nouvelles recrues, parallèlement l’économie de l’ensemble du pays subit une nette détérioration. »
Lorsque le mois dernier, Vladimir Poutine a créé le Conseil de Coordination des Approvisionnements de l’armée russe, il reconnaissait implicitement l’ampleur des problèmes économiques auxquels son pays était confronté, et l’urgence d’y remédier. Contrairement à ce qu’il affirmait depuis des mois, à savoir, que les sanctions occidentales n’ont eu aucune incidence sur l’économie russe, en vérité, elles ont profondément pénétré dans les mécanismes de production, créant une pénurie d’équipements militaires et sapant les capacités industrielles de remplacement des matériels détruits et surtout la production des missiles.
Des données récentes montrent que depuis l’été, la situation s’est considérablement dégradée. Auparavant l’état de l’économie russe semblait se stabiliser, grâce à des revenus réguliers provenant de la vente du pétrole et du gaz. Les données du ministère russe des finances de la semaine dernière, montrent que les recettes fiscales de l’État ont chuté de 20 % en octobre, par rapport à la même période de l’année dernière. Alors que le Bureau central russe des statistiques a signalé une baisse de 10 % des ventes des marchandises au détail en septembre, par rapport à la même période de l’année dernière.
L’embargo occidental sur les exportations des technologies avancées touche la plupart des secteurs économiques, tandis que la mobilisation de 300 000 hommes et la fuite hors du pays de centaines de milliers de jeunes ont porté un coup sévère aux forces productives du pays. Les restrictions imposées par Poutine sur les exportations de gaz vers l’Europe et le sabotage inexpliqué du gazoduc Nordstream ont entraîné, le mois dernier, une baisse de 20 % de la production de gaz, par rapport à l’année 2021. L’exportation du pétrole vers l’Europe est en baisse constante et, de plus, le boycott de l’UE sur le pétrole, qui entrera en vigueur le 5 décembre, entraînera une nouvelle baisse de revenus pour la Fédération de Russie.
Le Kremlin rappelle que la baisse du PIB, cette année, était plus faible que prévu – seulement 3,5 %, et avait été prévue par la Banque mondiale. Toujours selon le Kremlin, ce taux démontrait la capacité de l’économie russe à résister aux sanctions. Mais les économistes et les chefs d’entreprise russes disent que les chiffres du PIB ne reflètent pas la véritable image de l’état de l’économie. Depuis l’invasion de l’Ukraine le gouvernement s’est opposé à la conversion du rouble en devise étrangère, par conséquent son taux réel, par rapport aux autres monnaies reste inconnu. Par ailleurs, disent les patrons russes, lorsqu’on produit un char, par exemple, il est très rapidement détruit par les Ukrainiens, mais le fait qu’il ait été fabriqué est considéré par les économistes du Kremlin comme une plus-value industrielle.
Des problèmes plus profonds se posent également dans le secteur bancaire russe, dont la plupart des données sont gardées secrètes. Compte tenu de la nervosité croissante de la population, consécutivement à la mobilisation et la détérioration évidente des conditions de vie au jour le jour, la Banque centrale russe a annoncé la semaine dernière, des retraits record de 14,7 milliards de dollars en octobre. Avant cela, la Banque centrale avait averti que l’économie pourrait chuter de 7,1 % au dernier trimestre, après des baisses de 4,1 % et 4 % au cours des trimestres précédents et que l’année prochaine la situation pourrait se détériorer plus encore.
Des économistes occidentaux soulignent que la création du Conseil de coordination des approvisionnements de l’armée, dirigé par le Premier ministre Mikhaïl Michoustine témoigne de l’inquiétude de Poutine quant à l’impact croissant des sanctions. Il indique également que le gouvernement prépare une implication plus large de l’économie pour répondre aux besoins de l’armée face à une pénurie chronique de nourriture et d’uniformes. De nouvelles lois imposent de lourdes amendes et même des peines d’emprisonnement aux chefs d’entreprises qui refusent de suivre les injonctions de l’armée, permettant à l’État d’acheter ce dont il a besoin à des prix avantageux.
Un homme d’affaires moscovite ayant des liens avec le secteur de la défense a déclaré au « Post » que l’économie russe est déjà mobilisée et que de nombreuses entreprises sont obligées de produire pour l’armée à des prix très bas. Cependant, les patrons russes ont peur de dénoncer les réductions de prix appliquées par le gouvernement.
« La grande majorité des hommes d’affaires se taisent. Un chef d’entreprise a intérêt à rester discret, car si on sait qu’il fabrique de l’équipement ou des armes pour l’armée russe, il risque d’avoir des problèmes à l’étranger. »
Les médias russes rapportent qu’il existe d’énormes problèmes d’approvisionnement afin d’équiper les nouveaux engagés. Un article de fond paru le mois dernier dans le quotidien « Kommersant », décrivait une énorme pénurie de munitions et d’uniformes. Les fabricants expliquent qu’en raison des sanctions occidentales, ils ont de très grandes difficultés à obtenir d’indispensables matières premières. D’autres dirigeants du secteur des affaires disent que les échecs de l’armée russe en Ukraine ont révélé les énormes impérities, ainsi qu’une corruption endémique dans les industries de défense russe. Les chefs d’entreprises posent la question :
« où sont passés des milliards de roubles qui auraient dû être injectés dans l’industrie russe ».
Dans le cas où le nouvellement crée Comité de Coordination des Approvisionnements de l’armée ne parviendrait pas à améliorer la situation, la capacité de la Russie à lancer des actions offensives, surtout si les Ukrainiens continuent à remporter des succès militaires, sera compromise. La situation s’aggravera encore, lorsque le boycott du pétrole russe de l’Union européenne rentrera en vigueur le 5 décembre. Le prix maximum fixé par l’Occident pour le pétrole russe, pourrait faire perdre au pays des revenus quotidiens d’un montant de 120 millions de dollars. EG♦

Édouard Gris, MABATIM.INFO
Traduction et adaptation
J’ai entendu récemment (malheureusement je ne me rappelle pas où et quand) que le pétrole russe arrivait cependant sur le marché et était donc acheté par les pays européens boycotteurs. Ce pétrole transiterait par des pays tiers qui le « blanchiraient » et nous le revendraient en faisant un bénéfice au passage. Si cela est vrai, la Russie n’est pas grandement impactée par le boycott occidental du son pétrole. Qu’en est-il ?
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Washington Post ? Cela sent la mauvaise communication anti-russe…
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