Shavouot : Les Dix Paroles

Les champs de blé du kibboutz Daliya, photo Yifat Yanuka

[24 mai 2023]

Cette semaine, nous célébrons Shavouot, fête des moissons,

Mais Shavouot est surtout la fête du don de la Torah au Sinaï. Nous lirons donc les Dix Paroles, bien mal nommées les Dix Commandements1.

C’est l’un des textes les plus connus de la Torah qui se trouve à la base de la tradition juive. Pourtant, elles ne sont incluses ni dans les livres de prières journalières, ni dans les mezouzot2, ni dans les textes des tephilin3.

Il y a deux raisons à ceci :

— la première est celle avancée par le Rambam4: il craignait qu’une lecture quotidienne des Dix Paroles nous amène à accorder moins d’importance aux 613 mitsvot à accomplir. Peut-être que les Juifs de son entourage avaient tendance à penser : Oy we ! 613 mitsvot ! Par où commencer ? Heureusement nous avons les Dix Paroles… Ne sont-elles pas suffisantes ?

— La deuxième raison est historique : avant le début du christianisme, les Dix Paroles étaient incluses dans le texte des prières journalières et celui des tephilin. Le Talmud Yerushalmi (dans le traité Massekhet Brakhot) nous indique clairement que nous les en avons ôtées, pour ne pas ressembler aux minim, c’est-à-dire aux chrétiens dont la religion était devenue religion d’État et qui les avaient magnifiées dans plusieurs passages du Nouveau Testament.

Ceci dit, étant donné que les Juifs suivent rarement toutes les directives, y compris celles données par le Rambam ou le Tamlud Yerushalmi, et bien qu’ils ne lisent plus les dix Paroles quotidiennement, ils ont, dans certaines communautés, gardé cette coutume populaire de se lever solennellement avant de les réciter, lors de la lecture de la paracha de Yithro et le jour de Shavouot.

Il faut dire aussi que dans ce texte, Dieu s’adresse directement à son peuple et non pas par l’intermédiaire de Moshé ou d’un autre prophète. De plus, elles sont agréables à lire, claires et bien rangées : 5 contiennent les relations entre l’homme et le divin et les 5 autres les relations des hommes entre eux.

Manuscrit enluminé du décalogue de Yekutiel Sofer, 1768, synagogue portugaise d’Amsterdam

Certains historiens se sont demandé si un texte équivalent existait dans des cultures voisines ou pas. Ils n’ont rien trouvé de concluant à l’exception d’un passage du Livre des Morts égyptien. Il s’agit d’une liste d’affirmations que tout défunt se devait de réciter en entrant dans le royaume des morts. Il expliquait alors qu’il n’avait pas volé, pas tué, fraudé les poids… En ajoutant aussi les compensations afférentes à ces diverses fautes.

Mais c’est tout. L’originalité des Dix Paroles vient du fait qu’elles ne sont pas une sorte de curriculum vitae moral à présenter au moment de notre mort, mais l’échantillon pédagogique des exigences morales à la base de notre civilisation, ancrée dans notre histoire. La première d’entre elle en est l’illustration. Elle n’a rien d’universel, il s’agit d’un rappel historique (Shemot-Exode, 20) :

Je suis l’Éternel ton Dieu qui t’aifait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage
אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ,אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים

Ce qui est curieux, c’est que malgré leur importance, alors qu’elles ont été gravées dans la pierre et transmises solennellement au peuple, elles ne sont mentionnées qu’à deux reprises dans la Torah, dans le texte de Chemot-Exode – chapitre 20 et celui de Devarim-Deutéronome – chapitre 5, dans lequel Moshé rappelle aux enfants d’Israël la révélation au Mont Sinaï, au moment de sa mort.

Ces deux textes sont légèrement différents, en particulier en ce qui concerne l’obligation de respecter le shabbat : Le premier texte est d’ordre théologique : la raison concerne notre rapport avec le divin. Nous devons l’observer parce que Dieu a créé le monde en 6 jours et s’est reposé le 7ᵉ :

Durant six jours tu travailleras et t’occuperas de toutes tes affaires, mais le septième jour est la trêve de l’Éternel ton Dieu : tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs. Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment et il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du Sabbat et l’a sanctifié.

שֵׁשֶׁת יָמִים תַּעֲבֹד,וְעָשִׂיתָ כָּל-מְלַאכְתֶּךָ. וְיוֹם,הַשְּׁבִיעִי–שַׁבָּת,לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ :לֹא-תַעֲשֶׂה כָל-מְלָאכָה אַתָּה וּבִנְךָ וּבִתֶּךָ,עַבְדְּךָ וַאֲמָתְךָ וּבְהֶמְתֶּךָ,וְגֵרְךָ,אֲשֶׁר בִּשְׁעָרֶיךָ. כִּי שֵׁשֶׁת-יָמִים עָשָׂה יְהוָה אֶת-הַשָּׁמַיִם וְאֶת-הָאָרֶץ,אֶת-הַיָּם וְאֶת-כָּל-אֲשֶׁר-בָּם,וַיָּנַח,בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי

Alors que le deuxième texte, celui de Devarim, introduit une dimension sociale et un rappel historique : nous devons respecter le shabbat et nous reposer parce que nous avons été esclaves en Égypte. La sortie d’Égypte nous a ramenés à notre condition d’hommes libres. Nous sommes redevenus sujets après avoir été objets dont la seule force de travail est intéressante. Et en conclusion, nous devons la même liberté à ceux qui nous servent, y compris les animaux.

Durant six jours tu travailleras et t’occuperas de toutes tes affaires ; mais le septième jour est la trêve de l’Éternel, ton Dieu : tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bœuf, ton âne, ni tes autres bêtes, non plus que l’étranger qui est dans tes murs ; car ton serviteur et ta servante doivent se reposer comme toi. Et tu te souviendras que tu fus esclave au pays d’Égypte, et que l’Éternel, ton Dieu, t’en a fait sortir d’une main puissante et d’un bras étendu ; c’est pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a prescrit d’observer le jour du Sabbat.

 שֵׁשֶׁת יָמִים תַּעֲבֹד,וְעָשִׂיתָ כָּל-מְלַאכְתֶּךָ. וְיוֹם,הַשְּׁבִיעִי–שַׁבָּת,לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ :לֹא תַעֲשֶׂה כָל-מְלָאכָה אַתָּה וּבִנְךָ-וּבִתֶּךָ וְעַבְדְּךָ-וַאֲמָתֶךָ וְשׁוֹרְךָ וַחֲמֹרְךָ וְכָל-בְּהֶמְתֶּךָ,וְגֵרְךָ אֲשֶׁר בִּשְׁעָרֶיךָ–לְמַעַן יָנוּחַ עַבְדְּךָ וַאֲמָתְךָ,כָּמוֹךָ. וְזָכַרְתָּ,כִּי עֶבֶד הָיִיתָ בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם,וַיֹּצִאֲךָ יְהוָה אֱלֹהֶיךָ מִשָּׁם,בְּיָד חֲזָקָה וּבִזְרֹעַ נְטוּיָה ;עַל-כֵּן,צִוְּךָ יְהוָה אֱלֹהֶיךָ,לַעֲשׂוֹת,אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת.

Le parchemin ci-dessous contient le texte tiré du livre de Devarim. Il date d’environ un siècle avant l’ère chrétienne et a été trouvé sur le site archéologique de Qumran :

Sur un autre parchemin provenant lui-aussi de Qumran, les deux textes sont mélangés. Il s’agissait peut-être d’enseigner combien les deux visions du shabbat sont d’égale importance.

Cependant, on ne retrouve plus ces Dix Paroles dans le reste du Tanakh ou seulement quelques fragments dispersés çà et là, pour illustrer un propos, alors que des rappels historiques de la sortie d’Égypte sont régulièrement faits dans le livre de Yoshua-Josué, les Psaumes, les prophètes, etc. Sans doute est-ce ainsi parce qu’elles étaient déjà bien ancrées dans la tradition juive.

Tout le monde devait les connaître, ce qui ne veut pas dire que tout le monde les appliquait.

Savez-vous que l’un des plus grands transgresseurs des Dix Paroles a été le roi David ? Vous savez déjà que pour lui meurtre et adultère n’étaient pas vraiment problématiques mais il semble aussi que des idoles domestiques étaient tolérées dans sa maison. Lorsque son épouse Mikhal apprend que le roi Shaoul, son père, veut le mettre à mort, elle fait descendre David par la fenêtre et use d’un stratagème pour tromper son père :

Mikhal prit les terafim, qu’elle plaça dans le lit, mit au chevet le coussin de poil de chèvre et jeta un drap par-dessus
Shaoul ayant envoyé des émissaires pour s’emparer de David, elle leur dit : « Il est malade ». Alors Shaoul donna mission à ces gens d’aller voir David, en ajoutant : « Amenez-le-moi dans son lit, pour que je le fasse mourir ». Les envoyés entrèrent, et voici que les
terafim étaient dans le lit, et le coussin de poil de chèvre au chevet. Shaoul dit à Mikhal : « Pourquoi m’as-tu trompé de la sorte, et as-tu favorisé la fuite de mon ennemi?

וַתִּקַּח מִיכַל אֶת-הַתְּרָפִים,וַתָּשֶׂם אֶל-הַמִּטָּה,וְאֵת כְּבִיר הָעִזִּים,שָׂמָה מְרַאֲשֹׁתָיו ;וַתְּכַס,בַּבָּגֶד.וַיִּשְׁלַח שָׁאוּל מַלְאָכִים,לָקַחַת אֶת-דָּוִד ;וַתֹּאמֶר,חֹלֶה הוּא.וַיִּשְׁלַח שָׁאוּל אֶת-הַמַּלְאָכִים,לִרְאוֹת אֶת-דָּוִד לֵאמֹר :הַעֲלוּ אֹתוֹ בַמִּטָּה אֵלַי,לַהֲמִתוֹ. וַיָּבֹאוּ,הַמַּלְאָכִים,וְהִנֵּההַתְּרָפִים,אֶל-הַמִּטָּה ;וּכְבִיר הָעִזִּים,מְרַאֲשֹׁתָיו

Or les teraphim sont des idoles domestiques cananéennes.

Mais ne soyons pas trop dur avec David. La phrase Honore ton père et ta mère avait tellement d’importance pour lui qu’il tenta de sauver la vie de ses parents, loin de la vindicte du roi Shaoul en les envoyant chez un de ses cousins (du côté de son père) le roi de Moav (qui lui, n’avait pas l’esprit de famille et les fit assassiner).

Les tables de la loi ont toujours éveillé l’imagination :

— À quoi ressemblaient-elles ? Arrondies en leur partie haute comme on les présente généralement ?

Ici, sur l’un des murs du tombeau de David à Jérusalem

Il semble que non. Le Talmud nous les décrit comme de simples rectangles et leur arrondi vient sans doute de l’imagination d’artistes influencés par la civilisation gréco-romaine.

— Y en avait-il deux ? Cela nous semble évident d’autant que les Dix Paroles sont bien rangées : 5 sur une pierre et 5 sur l’autre. Mais le texte de Chemot, chapitre 32, nous dit qu’elles étaient écrites des deux côtés :

Moïse redescendit de la montagne, les deux tables de la Loi à la main, tables écrites sur leurs deux faces, d’un côté et de l’autre.

וַיִּפֶן וַיֵּרֶד מֹשֶׁה,מִן-הָהָר,וּשְׁנֵי לֻחֹת הָעֵדֻת,בְּיָדוֹ :לֻחֹת,כְּתֻבִים מִשְּׁנֵי עֶבְרֵיהֶם–מִזֶּה וּמִזֶּה,הֵם כְּתֻבִים

Chacune contenait donc tout le texte ? Alors pourquoi deux tables de la Loi ?

C’est qu’en hébreu, elles ne se nomment pas Tables de la Loi mais Tables de l’Alliance, לוחות הברית (lou’hot habrit) et que, lorsqu’il y a traité ou alliance, chacune des parties (en l’occurrence le peuple et Dieu) reçoit un exemplaire du contrat.

— Quelles lettres furent-elles utilisées ? Les lettres hébraïques primitives ou les lettres carrées que nous connaissons ? Pour y répondre, je me reporte à un de mes anciens articles5:

« L’ Histoire enseigne que l’écriture naquit très prosaïquement pour tenir des registres de comptes qu’il était impossible de conserver oralement. Mais, selon des traditions les plus anciennes l’imagination lui a trouvé une naissance beaucoup plus merveilleuse… Selon une tradition juive, l’écriture est une des dix choses tirées du néant le vendredi soir au crépuscule ». Suivant cette croyance, l’écriture est une œuvre tout à fait exceptionnelle, offerte à l’homme par Dieu, au tout dernier moment de la création du monde.

Un midrash nous explique que nos caractères actuels, carrés, ouvragés, étaient les caractères d’origine tels qu’ils furent gravés sur les premières tables que Moshé devait redescendre du Mont Sinaï, mais qui s’envolèrent en voyant la dépravation du Veau d’Or. Ils furent alors remplacés par d’autres moins beaux, communs à d’autres langues sémitiques car nous ne les méritions pas encore !

alphabet ancien tracé par un élève il y a environ 3000 ans, fouilles de Rosh Ayin :

Voir : https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/11/14/a-la-recherche-de-larche-perdue/

Nous n’avons mérité les lettres carrées, dites ashourites, qu’au retour d’exil, lorsque Ezra laissa l’alphabet ancien aux Samaritains6.

Mais j’ai entendu une autre version de l’histoire :

Le gravage sur la pierre rendait la lecture difficile et surtout les deux lettres S (samekh) et M (mem final) risquaient d’être confondues. Il semblerait donc qu’il y eut un miracle, nous avons eu droit aux lettres carrées dites ashourites7 avec un samekh bien arrondi, ס, et un mem final plus carré, ם, que nous connaissons, Dieu ne voulant pas prendre de risque…

La statue fait partie du tombeau du pape Jules II. Elle se trouve dans la basilique Saint-Pierre-aux-liens à Rome

— Et enfin, Moshé avait-il des cornes sur la tête lorsqu’il redescendit du Mont Sinaï ?

C’est une question pas si absurde que cela si on se réfère à la statue de Michel-Ange qui sculpta un Moshé cornu8 recevant les tables de la Loi.

Moshe affublé de cornes ?

Comme tous ses contemporains, Michel-Ange n’avait comme référence que la traduction de la Bible en latin, celle de Saint-Jérôme9.

Le texte de Chemot-Exode (34,29) nous dit simplement ceci :

Or, lorsque Moïse redescendit du mont Sinaï, tenant en main les deux tables de la Loi, il ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante lorsque Dieu lui avait parlé.

וַיְהִי,בְּרֶדֶת מֹשֶׁה מֵהַר סִינַי,וּשְׁנֵי לֻחֹת הָעֵדֻת בְּיַד-מֹשֶׁה,בְּרִדְתּוֹ מִן-הָהָר ;וּמֹשֶׁה לֹא-יָדַע,כִּיקָרַןעוֹר פָּנָיו–בְּדַבְּרוֹ אִתּוֹ

Saint Jérôme n’avait pas simplement pas compris que la même racine ק.ר.נ.(K.R.N.), signifie corne mais aussi rayon (de lumière). Il aurait du être moins arrogant et demander aux Juifs. Malheureusement, il avait fait expulser ceux qu’il n’avait pas pu faire tuer…

חג פסח שבועות


Nos ancêtres au pied du mont Sinaï, recevant les dix paroles. Comédie musicale pour enfants

Bonne fête de Shavouot,

A bientôt, HB

Hannah, Boker Tov Yerushalaim


1 Le texte biblique contient dix דברות (dibrot), de la racine DBR qui veut dire parler, que rend d’ailleurs l’expression Décalogue, employée autrefois en français.
Les dix Paroles (10 Commandements). Le nombre 10 est représenté par la lettre י, yod, la plus petite lettre de l’alphabet, à peine plus grande qu’un point et qui pourtant peut-être la main, יד, yad, c’est à dire l’action de Dieu dans le processus de la création… : https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2019/04/25/qui-connait-le-un-%D7 %90 %D7 %97 %D7 %93-%D7 %9ᵉ%D7 %99-%D7 %99 %D7 %95 %D7 %93 %D7 %A2/

2 Texte de la mezouza : https://www.massorti.com/La-Mezouza

3 Texte des tephilin : http://www.judeopedia.org/blog/2013/01/27/les-tefilines/

4 Le Rambam ou Rabbi Moshe ben Maîmon (Cordoue 1138-Fostat 1204) plus connu sous le nom de Maïmonide

5 Joseph Cohen : L’écriture hébraïque : son origine, son évolution et ses secrets, ed. Cosmogone

6 Les Samaritains : https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2016/08/10/la-samarie-et-les-samaritains/

7 Ce midrash et bien d’autres encore nous font toucher du doigt que « les lettres hébraïques ont deux natures distinctes : l’une métaphysique spirituelle et voilée, l’autre physique, tangible et perceptible, bornée aux limites de l’homme. Toutes les deux sont éternelles et existeront à jamais. C’est ce qu’affirme aussi le Baal Chem Tov, fondateur du Hassidisme, dans son ouvrage fondamental le Tanya, en commentant ce verset : « A tout jamais, Seigneur, Ta parole existera » (Psaume 119,89). Il est dit que les lettres par lesquelles le créateur fit le ciel et la terre doivent demeurer à tout jamais pour continuer l’existence céleste et terrestre. Si ces lettres venaient à disparaître et remontaient à leur source, toute la création disparaîtrait définitivement. » Pour les hébraïsants, il y a en plus un jeu de mot entre קרן עור, le rayonnement de la peau et קרן אור, un rayon de lumière. La différence entre les deux est simplement la lettre ע de עור, la peau et la lettre א de אור, la lumière : Le ע du premier (et dont la valeur est 70, symbole des 70 nations) indiquant la matérialité de la condition humaine et le א du deuxième (dont la valeur est 1), le divin.

8 N’en déplaise aussi à ce théologien Thomas Romer (sur le site évangile et liberté. 2005), pour qui les Hébreux auraient bel et bien eu l’intention d’affubler Moise de cornes, car, écrit-il, les cornes symbolisent la force et sont souvent des attributs divins. Quand on sait que les caricatures traditionnelles antisémites transforment les Juifs en créatures diaboliques avec cornes et griffes, je me demande quand les antisémites nous laisseront enfin tranquilles !

9 Saint Jérôme ou Jérôme de Stridon (347-420) était violemment opposé à toute présence juive à Jerusalem. Dans un commentaire violemment antisémite du prophète Tsfania (Sophonie) 1,15 : « Ce jour est un jour de fureur, Un jour de détresse et d’angoisse, Un jour de ravage et de destruction, Un jour de ténèbres et d’obscurité, Un jour de nuées et de brouillards… » il reprend l’accusation de déicide contre les Juifs formulée dans le corpus patristique. Il mentionne l’habitude des Juifs de venir pleurer au Kotel : Jusqu’à ce jour, ces locataires hypocrites ont l’interdiction de venir à Jérusalem, car ils sont les meurtriers des prophètes et notamment du dernier d’entre eux, le Fils de Dieu ; à moins qu’ils ne viennent pour pleurer car on leur a donné permission de se lamenter sur les ruines de la ville, moyennant paiement.

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