Voir aussi :
1. Le rendez-vous des Terriens avec eux-mêmes…
2. Israël, pierre d’achoppement des démocraties ou qui se disent telles…
Soit le clash final des barbaries soit la sagesse de la rencontre des civilisations autour d’un tronc commun de valeurs et de principes fédérateurs.
Israël est haï parce qu’il a apporté à l’humanité la conscience morale, non pas vague et fumeuse, non pas exclusivement prêchée mais pratiquée – autant que possible – dans tous les détails du quotidien et en mettant cette pratique plus haut que tous les dogmes religieux, philosophiques et politiques. Certes cette pratique tatillonne, la haie des 613 commandements dont plusieurs peuvent paraître arbitraires, destinés qu’ils étaient à interdire à Israël de finir par se diluer dans les civilisations païennes, semble aujourd’hui obscurantiste et rétrograde. Mais Israël est Israël parce qu’il ne s’est pas prudemment retranché derrière la distinction entre ce qui revient à Dieu et ce qui revient à César, il a désavoué cette opposition entre la morale et la politique :
1) opposition intérieure : l’État de droit qui protège les individus de l’arbitraire des puissants doit prévaloir contre l’absolutisme du pouvoir d’un ou de plusieurs hommes ;
2) opposition extérieure : pas d’expansionnisme guerrier , pas d’assimilation de la légitimité à la rapine territoriale : Israël, qui a compris que la justice en toutes choses était la condition de possibilité de la vie durable des hommes, n’est pas là pour lui uniquement mais pour faire faire à l’humanité toute entière un saut qualitatif en se convertissant de l’illusion de la toute-puissance, c’est-à-dire de l’arbitraire, au respect de la vie et de ce qui la garantit, en mettant la responsabilité individuelle et collective au premier plan, permettant l’épanouissement humain sur tous les plans.
Cette noble mission d’Israël, il est des esprits tordus et chagrins qui s’en affligent ou tout simplement qui la lui envient. Parce qu’ils tiennent à rester sous l’emprise addictive et hallucinogène d’une fausse liberté qu’on appelle licence ; parce qu’ils projettent sur Israël la diversité de toutes leurs turpitudes, qu’ils répugnent à s’avouer, et, secrètement, parce que, désespérant d’eux-mêmes, ils ne peuvent souffrir de voir réussir le Parti de l’Espérance. Ils tirent des lors, leur semblant de vertu de la diabolisation d’un Israël-repoussoir.
Distinguons, oui mais ne noyons pas le poisson !
Mais vous mélangez tout et vous assimilez allègrement anti judaïsme, antisémitisme, anti- sionisme qui se produisent à des époques différentes et vous tirez de là toutes sortes de conclusions hâtives sur notre époque, là où il serait de bonne science de reprendre les catégories qui se doivent au lieu de nous servir votre salade russe !
Certes il est de tradition scientifique ou qui se dit telle, de distinguer l’anti judaïsme théologique chrétien ou musulman de l’antisémitisme racialiste ; mais nos distingueurs distingués ont juste oublié de se demander comment il se faisait que des thèmes récurrents comme l’avarice ou le complot pour dominer le monde jetassent des ponts troublants entre Judas livrant son maître pour 30 deniers, le traître Dreyfus et le rapace Rothschild ou encore le Diable de Marcion, alias le Dieu des Juifs, complotant pour dominer le monde et les Protocoles des Sages de Sion. Ils se seraient un instant arrêtés pour considérer cette épineuse question qu’ils seraient arrivés à la même conclusion que nous : dans le cas des antijudaïsmes comme de l’antisémitisme, il s’agit au fond de la même chose : utiliser les Juifs comme surfaces de projection des turpitudes inavouables et inavouées des anti-feujs. Du coup, un coup on le fait au nom du vrai Bon Dieu, un autre coup au nom du Prolétariat ou au nom de la « Bonne Race » ou récemment du « Droit au Retour » et le tour est joué ! Parce que les turpitudes humaines, elles ne changent pas au gré des idéologies chargées de les blanchir ! Elles ont pour nom : radinerie – qui consiste à ne pas accepter de rendre aux Juifs ce qui leur appartient, soit l’invention de notre civilisation de la finitude responsable d’elle-même – ou encore expansionnisme territorial par les armes pour dominer le monde et le convertir à notre religion ou à notre idéologie politique hégémonique qui ne souffre pas de débat – d’où arrive, par projection psychologique, la thèse du complot juif pour dominer le monde et tuer Aryens et Palestiniens. En somme c’est de leur ombre, celle qui est liée à leur déni de la finitude, et à leur passion mégalomaniaque qu’ont peur- à raison – les antisémites et ils appellent cette ombre : « juifs ».
Et d’où proviennent ces turpitudes ? Comme toujours, du manque d’estime de soi et de la volonté de se valoriser aux dépens des autres, faute de courage. Il existe, comme toujours, une autre option : se valoriser en apportant quelque chose de valable à ses contemporains. Mais c’est un peu plus compliqué et ça demande réflexion, parce que c’est construire et non détruire ce que les autres ont construit.
C’est dans l’aide d’une masse critique – les fameux 36 Justes qui sauvent à chaque instant l’humanité d’elle-même – à Israël que réside le secret du salut collectif. La fin d’Israël serait aussi celle de la sagesse des limites qu’il véhicule et celle des principes qui permettent la résilience constante de l’Humanité au décours de tant d’avanies. Parce qu’il y a, au principe de la résilience, un principe de repentir et de renaissance, totalement ignorés par l’hitlérisme et ses diverses versions amalekites. C’est cela qu’apporte le judaïsme, cette faculté de se reprendre, après avoir cédé à la tentation du Mal, comme l’écrit Levinas dans l’Esquisse d’une philosophie de l’hitlérisme. Mais le principe du retour sur soi, de l’examen de conscience et de l’effacement de l’ardoise – qui expriment la liberté – n’existe pas chez ceux qui définissent l’être humain par le Verus Israël, par la race biologique, ou la soumission sans plus à un Dieu de terreur qui n’a pas à justifier ses décrets : un pseudo Dieu qui fait du fatalisme philosophique l’enrobage de la pulsion de mort : sans doute est-ce parce que présentée nue comme un ver, elle paraîtrait trop indigeste … Alors on l’habille de prétextes théologiques, politiques, ou encore économiques : mais c’est toujours le Parti à la tête de mort qui dirige.
Au fond ceux qui haïssent Israël – un Israël imparfait, certes comme tout ce qui est humain mais inspiré par une philosophie morale et politique de premier plan – ne sont autres que ceux qui haïssent la liberté, car ils veulent des droits sans responsabilité et sans demander pour tous ce qu’ils revendiquent pour eux-mêmes. Je les appelle les licencieux amoureux de la mort et de l’autodestruction dans lesquelles ils souhaitent entraîner toute l’humanité : je ne suis pas capable de vivre, alors que tout ce qui vit au monde périsse avec moi !
Les chefs des mouvements totalitaires sont identiques aux gourous sectaires : ils ne supportent pas de livrer les combats et de surmonter les frustrations inhérentes à l’existence humaine. Pour donner corps à leur mégalomanie ils s’arrangent pour ne pas se suicider seuls mais pour persuader des groupes plus ou moins importants de les suivre ou de les précéder dans la mort, toujours recherchée au nom d’un bonheur extatique lié à un au-delà de jouissances sans fin et en misant sur le besoin d’idéal et de don de soi de leurs disciples…qui n’ont pas la lucidité de comprendre le caractère fallacieux des promesses des gourous, führers et ayatollahs de tous poils qui les rançonnent et les mènent à l’abîme. Des êtres insuffisamment matures que ces disciples, qui espèrent ainsi échapper à la tâche ingrate de devoir toujours penser par eux-mêmes avant d’agir.
Éduquer : une obligation vitale mais aléatoire.
Tout ceci devrait, au nom du Principe Responsabilité, entrer désormais dans les formations des bonnes écoles de Sciences politiques.
Cela est très sérieux. C’est à l’éducation de placer en chaque enfant un avertisseur qui lui signifie ce qu’il risque et fait risquer à l’humanité à se montrer étourdi et inconscient vis-à-vis des conséquences du retour de l’antisémitisme, marqueur récurrent de la demande de servitude des peuples ; oui et c’est la tâche des éducateurs dignes de ce nom : où sont- ils ? Qui les a formés et prémunis contre le poison de l’endoctrinement antisémite ? Que chacun s’interroge et s’inquiète au vu des pâles préconisations du Ministère de l’Éducation nationale …
Que chacun se rende lucide et réactif à son poste sans attendre de signal venu d’en haut. Oui, le temps des 36 Justes, et de la part du Juste en chacun(e) de nous est bien revenu. Ne bâillons pas à la lune et mettons à profit cette année nouvelle qui se profile – cette année le Nouvel An juif est pour le 30 septembre 2019 et nous serons en 5780 pour notre collective Histoire juive – pour questionner notre marge de manœuvre individuelle, autrement dit notre responsabilité et notre engagement en vue de ne pas laisser ce monde-ci rouler dans l’abîme. NL♦
Nadia Lamm, MABATIM.INFO