Trump et le paradoxe du menteur

En politique, le mensonge n’est pas un paradoxe

Un grand classique commun à la philosophie et aux mathématiques est le paradoxe du menteur, formulé, au VIIe siècle avant l’ère vulgaire, par Épiménide le Crétois. Il consistait en cette simple déclaration :

« Tous les Crétois sont des menteurs ».

S’il avait raison, Épiménide mentait, puisqu’il était lui-même crétois. S’il mentait en le disant, c’est qu’il disait la vérité et que sa déclaration d’origine était fausse.

Le politiquement correct a été élu tendance de l’année 2020 avec effet rétroactif jusqu’au crétacé supérieur, aussi ne peut-on plus mettre en cause une communauté tout entière, même si l’on en fait partie (pour paraphraser Brassens : sauf si l’on est juif, cela va de soi !).

La version politiquement correcte du paradoxe du menteur est donc devenue :

si une personne dit « je mens », soit cette phrase est fausse, alors cette personne ne ment pas. Donc la phrase « je mens » est vraie. Mais si la phrase « je mens » est vraie, alors la personne dit la vérité et donc c’est l’affirmation qui est fausse.

On n’a pas besoin de pousser bien fort un homme politique, de quelque bord qu’il soit, pour qu’il affirme toujours dire la vérité, ou ne jamais proférer de mensonge, mais chacun de ses auditeurs sait que ces promesses-là n’engagent que ceux qui y prêtent foi.

Ne demandez pas l’heure à ceux que vous avez étiquetés menteurs

Dans ses confessions au New York Post, publiées le 29 août 2020, un professionnel de la fraude électorale démocrate se vante d’avoir été le « champion du correctif des votes par correspondance (New York Post) ».

Par un facétieux hasard, en prévision de l’élection du 3 novembre prochain, Trump et le parti républicain ne cessent de mettre en garde contre une possible manipulation de ce processus de vote, que la Covid va généraliser. Trump ayant depuis longtemps été étiqueté paranoïaque et mythomane, les démocrates et les médias font des gorges chaudes de ses craintes, qu’ils veulent interpréter comme une justification anticipée d’un échec annoncé.

Voyons… Trump ment tout le temps et les démocrates disent toujours la vérité. Le lanceur d’alerte (qui a témoigné sous couvert d’anonymat pour ne pas se retrouver en prison, mais dont le quotidien a vérifié le pedigree) est démocrate. Il dit, donc, forcément la vérité. Mais s’il admet que « la fraude est plus la règle que l’exception », il dit la vérité. Et s’il dit la vérité, Trump qui se plaint de ce que cette fraude lui sera forcément adversaire, ne ment pas ! Damned, la situation est compliquée.

Outre-Atlantique, les juges sont élus

Vu de la fenêtre française, il y a au moins un avantage à ce processus de sélection, bien éloigné de la prébende à vie qui prévaut chez nous : c’est qu’il ne peut exister un « mur des cons », le risque étant trop grand de heurter l’électeur en prenant parti pour l’assassin de sa fille.

Comme toutes les fonctions officielles font l’objet d’élections, les jongleurs de suffrages sont à peu près les seuls qui ne craignent jamais le chômage.

Celui qui s’est livré au New York Post a admis avoir non seulement interverti les bulletins lui-même, mais avoir aussi piloté des équipes qui se chargeaient du travail à une échelle quasi industrielle. Comme il soutient Bernie Sanders et pas Joe Biden, il a décidé, cette fois-ci, de donner les clefs de la fraude pour que l’on assainisse la corruption régnant dans les processus de vote de la plus grande démocratie du monde. Cette prise de conscience tardive, intervenant pile poil avant une élection où il ne soutient aucun candidat, est peu convaincante. De notre côté de l’Atlantique, c’est le choc des photos qui paie bien. Peut-être en face s’intéresse-t-on plus au poids des MAUX ? En tout cas, quelles que soient ses raisons, et même si elles ne sont que rémunérées, l’ex-truand sait de quoi il parle.

« Il n’y a pas une seule campagne dans le New Jersey – depuis le conseil municipal jusqu’au Sénat des États-Unis – sur laquelle nous n’avons pas travaillé… Plus l’élection est mineure et plus la fraude est facile », a-t-il déclaré.

Son jeu préféré, c’est le vote par correspondance, beaucoup plus courant dans le pays aux 50 États que chez nous. Pour les électeurs, c’est un processus tellement compliqué que, lors des primaires présidentielles démocrates du 23 juin 2020, 84.000 New-Yorkais ont vu leurs bulletins rejetés, parce qu’ils avaient été mal remplis.

En revanche, pour les pros de la politique, c’est du gâteau. Dans le New Jersey, notamment, les électeurs inscrits se voient remettre un bulletin de vote postal vierge, dans une grande enveloppe distinctive. La grande enveloppe contient aussi l’enveloppe de retour au format classique et un récépissé d’expédition, que l’électeur doit signer, avant de le joindre au bulletin de vote lui-même.

C’est là qu’intervient le magicien, qui transforme les bulletins républicains en votes démocrates, les paires en quinte flush, les rouges impairs et manque en noirs pairs et passe, puis qui empoche le jackpot grâce à sa martingale.

Sans technique, un vote truqué n’est rien qu’une sale manie

Dans le New York Post, le démocrate repenti liste les différentes façons de tricher lors d’une élection. On ne peut s’empêcher d’admirer l’ingéniosité des truands, tout en regrettant que les « bons » fassent preuve d’une si coupable naïveté.

Première fraude à la source : les bulletins. Au nombre des facilités offertes aux fraudeurs, les bulletins d’origine relèvent carrément de l’appel à la contrefaçon. Ils n’ont aucune particularité inimitable, si bien que rien ne distingue le bulletin de vote original de sa photocopie. L’informateur du NY Post en convient, qui explique que l’art difficile est celui de l’enveloppe de réexpédition, impossible à fabriquer, elle. Il faut donc aller chercher les vraies chez les véritables électeurs. Les équipes du candidat tricheur font du porte à porte, pour proposer aux électeurs d’aller poster leurs bulletins remplis. Avant de les mettre dans une boîte aux lettres, ils décollent les enveloppes à la vapeur et remplacent le bulletin qui est dedans par celui de leur employeur : « Ça prend cinq minutes par bulletin, max ! »

Deuxième étape : l’interception des bulletins pendant le transport, grâce à des complicités internes. « Imaginez un facteur qui est un anti-Trump enragé et qui travaille… dans un bastion républicain… Il peut prendre ces bulletins [remplis] et, sachant que 95 % d’entre eux désignent un républicain, il peut tout simplement les jeter à la poubelle », explique le technicien.

Troisième source, le troisième âge : les maisons de retraite sont aussi un terrain de chasse propice aux bulletins. « Il y en a où nous rémunérons carrément les infirmières. Elles remplissent les bulletins des personnes âgées qui n’ont aucune opinion, mais qui veulent encore se sentir utiles ».

Et puis il y a l’usurpation d’identité des électeurs et le vote à leur place, directement dans les urnes. Cela n’est jouable que dans les États, comme le New Jersey et New York, qui n’exigent pas que l’électeur présente une pièce d’identité. Il est donc facile de faire passer des wagons de fraudeurs pour des inscrits qui s’abstiennent régulièrement aux élections présidentielles ou municipales et dont les listes sont accessibles au public.

Cerise sous le gâteau, les pots-de-vin : le spécialiste a découvert un réservoir presque inépuisable d’électeurs fiables, que l’on peut acquérir à bas prix dans les refuges pour SDF du New Jersey.

« La fraude électorale est organisée comme une pyramide mafieuse », a conclu l’informateur, « avec un patron (généralement le directeur de campagne) qui confie la gestion quotidienne des sans-grades au sous-chef (lui). Le candidat était généralement maintenu dans l’ignorance, afin que, si nécessaire, il puisse prétendre tout ignorer. »

L’American touch en matière de presse

Inenvisageable en France, la notion de vérification des sources et celle d’opinion contradictoire sont pratiquées quotidiennement dans les médias américains. Encore une preuve que ces gens sont des lourdauds primaires !

Lorsqu’un article est écrit à charge contre une personnalité ou contre une institution, il est d’usage, chez eux, de demander son avis au mis en cause. In-creu-di-beule, non ?

Rassurons quand même nos compatriotes : il y a une exception à cette règle, et pas seulement dans l’emblématique quotidien de référence de la gauche bien-pensante (l’équivalent de notre Monde s’appelle New York Times). Cette exception, vous l’avez deviné, est Israël, sur lequel on a le droit de médire sans modération, sans vérification et sans contradiction. Ouf !

Toujours est-il que dans le cas de l’interview, par le New York Post, du fraudeur professionnel pour le compte du Parti démocrate, le comité électoral de la ville a eu l’occasion de donner son avis contradictoire. Il a refusé de répondre aux questions des journalistes sur la sécurité des bulletins de vote.

La Covid voterait-elle démocrate ?

Le vote par correspondance est une option que tout électeur américain peut choisir, sans avoir à justifier de la raison ou même de la réalité de son absence le jour du scrutin. Aujourd’hui, ils sont déjà 190 millions et ils seront encore plus nombreux lors de l’élection présidentielle du 3 novembre prochain, Covid oblige.

Au moins 83 % des électeurs américains pourront voter par correspondance à l’automne. Près de 100 millions d’électeurs recevront d’office des bulletins de vote : les fraudeurs doivent être en train de sabler le champagne.

« Des dizaines de milliers de bulletins de vote par correspondance ont été jetés lors des primaires de cette année. Que se passera-t-il en novembre ? » demande le Washington Post.

C’est une bonne question, il a bien fait de la poser. Avant tout, de combien de dizaines de milliers parle-t-il ? « Plus de 18.500 bulletins de vote n’ont pas été comptés en Floride lors des primaires présidentielles de mars, car beaucoup étaient arrivés par courrier après la date limite. Au Nevada, environ 6700 bulletins de vote ont été rejetés en juin parce que les responsables électoraux n’ont pas pu vérifier les signatures des électeurs. Et lors de la primaire de Pennsylvanie le mois dernier, seules des ordonnances de l’État et des tribunaux ont empêché que des dizaines de milliers de bulletins de vote retournés en retard soient disqualifiés. »

D’après les experts, si la tendance qui privilégie le vote par correspondance se poursuit à l’automne, le nombre de bulletins de vote rejetés pourrait largement dépasser les presque 319.000 qui l’ont été dans tout le pays lors des élections générales de 2016. Cela correspond plus ou moins à 1 % des bulletins envoyés par la poste, selon une enquête de la Commission américaine d’assistance électorale.

Et dire que la tendance se poursuivra effectivement est un euphémisme : à New York, plus de 1,7 million de bulletins de vote par correspondance ont déjà été demandés par les électeurs pour les primaires de juin, contre environ 115.000 lors de celles de 2016. Un facteur d’un à dix, qui doit réjouir les facteurs démocrates.

Quand on sait que la différence se joue parfois à 500 bulletins, on saisit les enjeux de ce qui se profile et on comprend l’obstination des démocrates à prendre les inquiétudes républicaines par-dessus la jambe…

Le paradoxe de Trump

En sus des innombrables raisons officielles d’éliminer un suffrage par correspondance, le rejet du bulletin à la tête du client (« à la tête du candidat » serait plus exact) ajoute à l’incertitude des résultats de l’élection.

Trump, qui n’a pas son Tweet dans sa poche, n’a pas manqué de s’en plaindre à l’avance et de mettre en garde ses supporters. Le résultat paradoxal, c’est que ses attaques incessantes sur la sécurité du vote par correspondance alimentent la méfiance des électeurs républicains, au point que les stratèges du parti du président s’en alarment, craignant que cela nuise à leurs candidats, y compris Trump lui-même.

Plusieurs primaires se sont déjà déroulées en 2020 et l’on a pu observer que les électeurs démocrates étaient beaucoup plus enclins à recourir au vote par correspondance que ceux du parti républicain.

Entre le chef qui répète sa méfiance et les stratèges qui exhortent leurs partisans à y recourir quand même, de plus en plus d’électeurs républicains décident de s’abstenir.

Le suspense reste entier

Mandi Merritt, porte-parole nationale du RNC, la principale organisation de campagne et de collecte de fonds affiliée au Parti républicain, a diffusé un communiqué de presse dans lequel elle explique que « Les républicains veulent s’assurer que chaque vote valide est compté et que nos élections sont libres, justes et transparentes. Les démocrates font pression pour une transition précipitée vers un système de vote par correspondance à l’échelon national, qui entraînerait un plus grand nombre de bulletins rejetés et ouvrirait la porte à la fraude. Les États n’ont tout simplement pas les procédures en place pour passer à des élections à majorité de votes par correspondance ou pour superviser l’envoi massif et sécurisé des bulletins de vote à tous les électeurs inscrits d’ici novembre (Washington Post). »

Alors qu’ils doivent faire face à une vague inédite de votes par correspondance cette année, les administrateurs électoraux avouent se trouver entre le marteau de la nécessité de rendre le vote plus accessible et l’enclume de devoir s’assurer qu’il est plus sûr.

Aaron Ockerman, directeur exécutif de l’Association des administrateurs électoraux de l’Ohio a essayé de définir la situation kafkaïenne dans laquelle se trouve sa profession : « Nous essayons de trouver un équilibre. Nous n’essayons pas de rendre les formulaires compliqués exprès. Mais c’est inextricable. »

La méthode, ou plutôt les méthodes françaises sont beaucoup plus sûres : il y a l’injonction paradoxale, où les autorités organisent des élections, mais conseillent aux électeurs de ne pas sortir de chez eux pour des raisons sanitaires. Inconvénient : on n’a pas tous les cinq ans une pandémie à portée d’urne.

L’autre recette demande une préparation en amont, mais elle est invincible : il s’agit pour le candidat, de manipuler le président en place afin qu’il vous offre un poste depuis lequel vous serez en mesure de créer une instance juridique susceptible d’éliminer tout futur candidat dangereux.

Non, ce n’est pas de la science-fiction, même si toute ressemblance avec des personnes existantes, blabla blabla ! LM♦

Liliane Messika, MABATIM.INFO

3 commentaires

  1. Bonjour Liliane Messika !

    Croyez vous toujours (cf. « Sacrifice sur l’autel de l’or noir » dans « Ilan Halimi, Le Canari dans la mine ») en la théorie d’Eurabia (une thèse conspirationniste très similaire aux Protocoles des sages de Sion) ?

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